Contre-histoires féministes de la technique et du libre

Note : pour des liens cliquables, le plus simple est de récupérer le pdf des slides.

Aujourd’hui, on va parler de contre histoires féministes, je vais pas mal m’appuyer sur mes notes car c’est très dense et je risque de ne pas tenir le temps ou d’oublier de dire des choses.

L’idée n’est évidemment pas de traiter ça de façon exhaustive en trois quarts d’heure mais que vous ressortiez, si possible 1) avec l’envie d’en savoir plus et 2) quelques nouvelles idées sur la question.

On va faire ça en suivant l’ordre chronologique et en reprenant des histoires assez classiques.

Si vous n’avez pas la référence pour la slide de titre, ne vous inquiétez pas, on en reparlera un peu plus loin.

Quelques précisions de vocabulaire : une contre-histoire, c’est une histoire qui remet en question le discours dominant, en l’occurrence ici, celui du système patriarcal dont l’un des effets est d’invisibiliser, ignorer, la moitié de la population.

Le féminisme, pour moi, ce n’est pas un gros mot, ce n’est pas le contraire du masculinisme, ce n’est pas vouloir mettre les femmes à la place des hommes. C’est souhaiter mettre à bas ce système - le patriarcat - basé sur la domination de certaines personnes sur certaines autres en fonction de leur sexe/genre - l’idéal étant de mettre à bas tout système de domination, en cela, on devrait relativement bien s’entendre avec les anarchistes, les anticapitalistes, les écologistes, les queers, toutes ces luttes devraient bien aller ensemble mais on sait bien que ce n’est pas si facile, tout le monde ne s’accorde pas sur la finalité, mais pour moi, on ne peut pas, par exemple, être écologiste sans remettre en cause le capitalisme, anarchiste sans être féministe, féministe sans soutenir la cause des personnes trans ou non binaires, etc.

Donc. Il était une fois l’homme.

Sans grand h, on le voit dans toutes les représentations, il existe évidemment des détournements, parfois pas très fins ni dépourvus de sexisme, ici on remarquera que la femme ne porte plus d’arme - mais un grand chapeau.

J’ai pêché ces illustrations sur le web, je trouve que ça résume assez bien ce que la plupart d’entre nous ont dû apprendre quand ils ou elles étaient petites : les hommes au premier plan, s’occupant des activités nobles comme la chasse, les femmes à la couture et s’occupant des gosses.

Oui, sauf que.

Selon des études récentes, dont tout le monde a évidemment entendu parler n’est-ce pas, ça date de 2018, entre 30 et 50 % des chasseurs « de gros gibiers » auraient été des femmes ; l’analyse des restes squelettiques suggère que tous deux pratiquaient les mêmes types d’activités. D’où vient donc cette représentation de l’homme chassant pendant que la femme reste sagement à la grotte ? Apparemment, au moins en partie d’un livre datant de 1968 et ayant connu un énorme succès : Man the Hunter. Lorsque des femmes universitaires ont publié des recherches contraires, leur travail a été largement ignoré ou dévalorisé, pointé du doigt comme une critique féministe ou une approche féministe.

Que peut-on tirer de cette première histoire ?

  1. Déjà, que certaines choses que tout le monde pense parfaitement établies sont en fait construites de toutes pièces à partir d’a priori, de préjugés sexistes fortement liés à l’époque (l’homme fort, chasseur, la femme occupée à des activités de care).

  2. Ensuite, que toute critique mettant en question la domination masculine est susceptible d’être qualifiée de non neutre, partisane voire, gros mot suprême, féministe. Puisque la position neutre, comme chacune le sait, c’est celle où les hommes prennent toute la place.

  3. Enfin, on va mettre beaucoup moins en avant certains points de vue que d’autres. Tenter d’émettre une critique féministe dans certains milieux, c’est un peu comme tenter de faire entendre une position de gauche sur CNews.

Mais il ne faudrait pas s’en tenir là : car finalement, qu’est-ce qu’on est en train de dire, que les femmes étaient aussi chasseuses que les hommes - ok, mais pourquoi, en premier lieu, mettre autant en avant la chasse ?

Pourquoi mettre toujours en avant les outils techniques associés à la guerre, au meurtre, plutôt que ceux associés à la vie, la vie ensemble, la convivialité ? J’ai cherché à un moment le contraire d’outil convivial, je me suis aperçue par la suite que c’était évident : le contraire d’un outil convivial, c’est un outil guerrier.

Le panier, c’est en référence à un superbe texte d’Ursula Le Guin que je vous montre vite fait et que je vous ai mis dans la bibliographie.

Il y est question d’un film, 2001 l’Odyssée de l’espace. Le Guin décrit un passage au début du film où, suite à l’arrivée du monolithe, l’homme singe devient soudainement intelligent : il comprend qu’un os peut devenir une arme, qu’un os peut lui permettre de tuer, d’effectuer le premier meurtre dans les règles ! Dans un raccourci magnifique, l’autrice décrit alors l’os projeté en l’air se transformant en vaisseau spatial pénétrant le cosmos pour l’ensemencer et produire à la fin du film un adorable fœtus - mâle bien sûr, sans l’intermédiaire d’un quelconque utérus.

Elle dit alors que ces choses avec lesquelles on frappe et on tue, on en a toustes entendu parler, mais que ce qui l’intéresse, elle, ce qui est nouveau, c’est de parler du contenant pour les choses contenues - du panier - symbole assez clair de l’outil convivial - ou du ventre de la femme.

Il est important de prendre conscience des types de technique que l’on met en avant.

Ce n’est pas anodin, de mettre en avant la guerre plutôt que la paix, les outils qui donnent la mort plutôt que ceux qui permettent la vie.

Le Guin pointe également autre chose, avec cette histoire de fœtus qui sort de nulle part. C’est vraiment quelque chose de fort, dans les imaginaires, ce désir de créer, d’enfanter, sans passer par le ventre d’une femme, de remplacer la Nature - de devenir Dieu - en créant ses propres intelligences.

Ces imaginaires sont essentiellement masculins, puisque ce sont essentiellement des livres d’hommes, qui nous ont nourries pendant, littéralement, des siècles.

En parlant de livres.

Seconde histoire. L’imprimerie. C’est une analogie que l’on fait classiquement, quand on parle d’Internet et que l’on veut faire prendre conscience des effets de certaines techniques sur les sociétés. Beaucoup de barbus déjà dans les imaginaires. Outil vecteur d’émancipation du Peuple, la Réforme, l’esprit scientifique, les Lumières.

À noter que les livres existaient évidemment avant l’imprimerie, l’imprimerie a surtout permis un changement d’échelle, avec la massification de la distribution de cet objet : le livre ; et que le peuple - masculin - n’a véritablement commencé à apprendre à lire (ainsi qu’à écrire et compter) qu’au XVIII-XIXème siècle avec les petites écoles de Louis XIV. Pendant longtemps, les livres ont été lus sur la place publique - ou réservés à une élite intellectuelle ou financière.

Pour la petite histoire,c’est précisément avec la relecture d’une Contre-Histoire d’Internet que l’idée de cette conf a vu le jour. Parce qu’à un moment, je me suis arrêtée, et j’ai compté. Le nombre de fois où le mot “femme” avait été utilisé, le nombre de fois où on avait parlé des femmes (c’est pratique pour ça, les fichiers numériques, ça va plus vite qu’avec un livre papier). J’en ai trouvé 9, des occurrences. Dont une en note de bas de page, qui m’a conduite à laisser là ma relecture et me plonger dans un autre ouvrage, dont on parlera un peu plus tard.

Quid des femmes, donc ?

Eh bien, l’imprimerie a également permis de diffuser à une grande échelle ce type de traité : le Marteau des sorcières - comprendre : le marteau contre les sorcières. Immense succès d’édition, pas moins de 34 rééditions en deux siècles, de 30 à 60000 femmes brûlées vives. Appropriation de leurs biens et de leurs terres (accumulation primitive) - on ciblait de préférence les femmes indépendantes, trop grandes gueules, les veuves avec quelque propriété, les sages femmes et leurs savoirs occultes sur le corps des femmes, les médeciennes (oui, on disait médecienne à l’époque, pour “femme médecin”, je vous conseille d’employer ce mot pour le faire revenir dans la langue, c’est comme autrice, c’est juste une question d’habitude).

Cela a conduit à une immense perte de savoirs pour les femmes, en particulier en ce qui concerne la contraception et plus généralement, sur leur propre corps.

Dans mon panthéon des pénibles, je vous présente Francis Bacon (1561-1626 on est 150 ans après Gutenberg), connu pour avoir mis en place la méthode scientifique - il a pu, à ce propos, comparer l’interrogation de la nature à celle d’une femme - torturée par l’Inquisition.

C’est important de comprendre ça : ce qui est derrière la notion d’esprit scientifique : la séparation d’avec la Nature, son étude, son interrogation comme quelque chose de fondamentalement Autre - comme une femme. La relation unidirectionnelle, d’appropriation, extraction, découpage en morceaux, destruction, propre à l’esprit scientifique occidental.

Parallèlement, l’imprimerie a amplifié ce que l’on a appelé la «querelle des femmes» (les femmes sont souvent querelleuses) : «les femmes sont-elles en droit, en capacité, d’écrire, de publier des livres, est-ce que c’est compatible avec leur condition de femmes ?» Cette querelle avait déjà commencé lorsque l’imprimerie de Gutenberg est arrivée, mais celle-ci a permis une diffusion beaucoup plus importante des idées et arguments - tant au niveau des pours que des contres - et ces derniers ont hélas bénéficié d’un écho et d’un impact beaucoup plus forts.

En France, cela a abouti, en 1634, à la création de l’Académie française par Richelieu (1585-1642) - le second pénible de la slide, avec les résultats qu’on sait : masculinisation de la langue, abolition de termes comme «autrice».

Le Siècle des Lumières a été très sombre pour les femmes, et s’est achevé en France sur le Code Napoléon (promulgué en 1804) complètement catastrophique pour le droit des femmes.

Que peut-on tirer de cette histoire ?

  1. Déjà, que tout dépend du point de vue de qui la raconte : l’histoire est en général celle des dominants, et les dominants, dans le système patriarcal, ce sont des hommes.

Une technique comme l’imprimerie a certes des conséquences émancipatrices, mais pas pour tout le monde. Si l’on y réfléchit bien, l’imprimerie, ça a été avant tout un magnifique outil de diffusion de la pensée occidentale, un très bel outil de colonisation des esprits. Ou de colonisation tout court (Christophe Colomb est né dans les mêmes eaux que l’invention de Gutenberg). L’imprimerie a contribué à l’uniformisation de la pensée, au renforcement de la supériorité blanche, occidentale, éduquée, intellectuelle - mâle.

  1. Ensuite, que toute technique est un pharmakon : à la fois remède et poison. Bouc émissaire aussi, parfois (« c’est la faute à la technique »).

Les livres ont permis aux femmes d’apprendre à lire, chez elles, à la maison - tout en ayant contribué à les confiner à la maison.

Les populations dominées essaient - et c’est bien normal - de retourner les nouvelles techniques à leur avantage - c’est souvent plus facile au début, lorsque les dominants ne comprennent pas encore complètement l’usage ou la portée de ces nouvelles techniques.

Toute ressemblance avec ce qu’il se passe actuellement avec Internet est évidemment loin d’être fortuite.

Continuons à avancer dans le temps. Je vais suivre ici le parcours usuel de l’histoire de l’informatique lorsqu’on saupoudre quelques femmes dedans.

En général, ça commence par Ada Lovelace.

Oui alors non, ceci n’est pas Ada. Et je vous préviens, on va rester un petit moment sur cette slide.

Quand on parle d’Ada Lovelace, ça tient généralement en une ou deux phrases : Ada Lovelace, fille de Byron, autrice du tout premier programme informatique sur ce que l’on a coutume de considérer comme l’ancêtre de l’ordinateur : la machine analytique de Babbage.

On présente souvent les quelques femmes qui ont résisté à l’invisibilisation de l’Histoire comme des génies isolés, des exceptions à la règle - de celles qui confirment la règle.

Et on les présente en général en lien avec de plus ou moins grands hommes : ici, Lord Byron et Charles Babbage.

Commençons par Byron. Ada n’a en fait jamais connu son père (si ce n’est peut-être à sa naissance). Elle est née fin 1815 et sa mère, Anne Isabella Millbanke - à droite de la slide - s’est rapidement séparée de Byron suite à son comportement problématique (dont des tentatives de viol en état d’ivresse). La première année de la vie d’Ada, l’année 1816, est connue comme ayant été “l’année sans été” suite à l’éruption d’un volcan en Indonésie en avril 1815 qui a complètement pourri l’été suivant en Europe. C’est cet été-là que Mary Shelley - à gauche de la slide - a écrit le premier jet de son Frankenstein, suite à un défi pour s’occuper pendant cet été pourri.

Mary Shelley - de son vrai nom Mary Wollstonecraft Godwin (sa mère, Mary Wollstonecraft était une écrivaine et philosophe, activiste, féministe ; elle est morte de septicémie 10 jours après avoir donné naissance à Mary ; son père William Godwin est censé être l’un des tout premiers anarchistes, ce qui ne l’a pas empêché de rejeter sa fille lorsque celle-ci s’est mise à vivre selon des préceptes un peu trop libertaires) s’est barrée avec le poète romantique Shelley dont elle est rapidement tombée enceinte. L’enfant est mort prématuré, au printemps 1815. Lorsqu’elle écrit Frankenstein, elle est déjà enceinte d’un second enfant. Mary donnera au total naissance à 4 enfants, dont seul un survivra.

La question du contrôle des naissances et de la contraception sont des sujets très techniques, et comme on l’a vu, avec la chasse aux sorcières, les femmes ont été privées de leurs savoirs en matière de contraception, et plus généralement de médecine. Selon les époques, les pays, les couleurs de peau, on empêche les femmes d’avorter ou au contraire on les stérilise - cela a encore lieu de nos jours.

Dans Frankenstein ; ou le Promethée Moderne (le titre complet de l’ouvrage), Mary Shelley montre le créateur - Frankenstein, donc - dégoûté se détournant de sa créature, l’abandonnant, refusant sa responsabilité ; c’est une bonne allégorie pour la technique échappant à son maître. Quant à Prométhée, c’est un peu le titan d’une certaine Technique, ayant donné le feu et appris la métallurgie aux hommes - pour fabriquer des armes, bien sûr.

À noter que selon certaines sources, Zeus, pour se venger, demanda à Héphaïstos de modeler la première femme - Prométhée n’ayant créé que des hommes. Ce sera Pandore avec sa fameuse boîte.

Notons enfin que le monstre de Frankenstein relève du désir déjà signalé tout à l’heure de parvenir à donner la vie - la conscience, l’intelligence - à un être sans passer par le ventre d’une femme - quitte à renier par la suite le monstre ainsi engendré. Ici encore, toute ressemblance avec la situation actuelle en général et l’IA en particulier est loin d’être fortuite.

Ce fameux été 1816, Mary était aux côté de Shelley, mais aussi de Byron, grand pote de Shelley. La demi-sœur de Mary, Claire Clairmont, était également présente, et déjà enceinte de Byron.

Il est surprenant que la page Wikipédia anglaise consacrée à Anne Isabella Millbanke renvoie sur “Lady Byron” alors qu’elle n’est restée, finalement, que très peu de temps avec Byron qui, on aura pu le constater, a vite trouvé d’autres femmes à engrosser ; Anne Isabella a d’ailleurs veillé à ce que sa fille, Ada, ne porte pas le nom de Byron. Et elle lui a enseigné les maths pour qu’elle ne devienne pas poète comme son père.

Anne Isabella Millbanke était surnommée par Byron sa “princesse des parallèlogrammes” ; enfant extrêmement douée, ses parents avaient eu l’intelligence de lui permettre d’acquérir, par l’enseignement d’un tuteur (il était évidemment hors de question à l’époque qu’une femme aille à l’Université), une éducation semblable à celle d’un étudiant de Cambridge.

C’est donc Anne Isabella Millbanke qui a appris les maths à Ada.

Dans ces conditions, pourquoi présenter quasi systématiquement Ada comme “la fille de Byron” alors qu’Ada n’a jamais connu son père et que c’est grâce à sa mère - que l’on ne mentionne jamais dans l’histoire - qu’elle a eu la formation scientifique lui permettant de comprendre l’intérêt de la machine de Babbage ?

Ada avait aussi Mary Somerville pour tutrice, elle-même mathématicienne et astronome écossaise de renom. C’est Mary Somerville qui présente Babbage à Ada alors qu’Ada a tout juste 17 ans. Ada se passionne immédiatement par le travail de Babbage ; elle entretiendra une correspondance avec lui tout le long de sa (courte) vie (elle mourra d’un cancer de l’utérus à 36 ans, ruinée par le jeu dans l’espoir de subventionner les projets de Babbage).

À 20 ans, elle doit d’abord se marier et faire 3 enfants en 4 ans. Elle peut ensuite se remettre aux maths. En octobre 1842 (elle a 27 ans) paraît en français, dans un journal suisse, une description de la machine analytique de Babbage par un mathématicien italien. Ada ayant un bon niveau en français, accepte de traduire ce mémoire pour un journal scientifique. Quand elle présente ce travail à Babbage il lui demande pourquoi elle n’a pas écrit elle-même de description de cette machine qu’elle connaît si bien et il lui propose de rédiger des notes pour compléter la traduction. Elle en écrit 7 (de A à G), ce qui représente près de trois fois le volume de texte de l’article original. C’est la note G (à droite de la slide) qui est considérée comme le tout programme informatique de l’Histoire. Il s’agit de calculer les premiers nombres de Bernoulli grâce à une relation de récurrence qui les lie. J’ai failli vous mettre les équations mais je ne voulais pas vous faire peur.

Pour terminer sur cette histoire, je vous ai mis à droite, la machine de Babbage, à gauche, le métier à tisser de Jacquard, dont Babbage s’est inspiré, tout particulièrement pour son système de cartes perforées.

On peut déjà remarquer que l’ancêtre de l’ordinateur tient ainsi plus du métier à tisser que de l’imprimerie/imprimante. Plutôt cohérent pour quelque chose qui de nos jours nous permet de tisser la toile, celle du world wide web…

Seconde remarque : c’est de cette époque que date l’un des premiers grands mouvements technocritiques, le luddisme, mené par les artisans tisserants « briseurs de machines ».

On peut voir l’histoire de la technique - d’un certain type de technique - comme celle du lent remplacement - total ou partiel - des êtres par des outils, des machines, de plus en plus “intelligentes” - les êtres humains étant, eux, renvoyés vers des activités de moins en moins valorisantes. D’auteurices on devient de simples relecteurices/correcteurices, de simple assistant·es des machines.

Pour l’anecdote, Byron sera l’un des premiers défenseurs des luddites avec son discours en 1812 à la Chambre des Lords. Il leur écrira plus tard, en décembre 1816, un poème (Song of the luddites).

Peut-être est-ce l’une des raisons pour lesquelles Ada s’est intéressée à la machine de Babbage ? On peut se demander aussi si elle avait lu Frankenstein, lorsqu’à 17 ans elle rencontra Babbage ?

Continuons à avancer dans le temps.

À gauche, la carte des câbles sous-marins du télégraphe au début du 20ème siècle. Toute ressemblance avec la carte des câbles sous-marins d’Internet est loin d’être fortuite. La technique a souvent une certaine inertie, on repasse par les mêmes routes comme on réutilise les mêmes claviers (celui des machines à écrire), changer les habitudes est difficile et reprendre les mêmes routes beaucoup plus simple.

Ces routes sont celles du colonialisme, les premiers réseaux reliaient les empires à leurs colonies, et le télégraphe s’est avéré un excellent outil pour contrôler et orchestrer les empires coloniaux. Pour Internet ce n’est pas très différent finalement. Actuellement, ce sont principalement les GAFAM qui tirent les câbles.

Pour isoler ces câbles, on a utilisé massivement un arbre présent à l’époque en Indonésie, le Palaquium gutta dont la sève, le gutta-percha était particulièrement adaptée. Comme le décrit Kate Crawford dans Atlas of AI, pour produire une tonne de gutta-percha il fallait 900 000 troncs d’arbres ; le premier câble transatlantique (mis en fonction en 1857 - 3500 km de long) a nécessité pour sa fabrication 250 tonnes de gutta percha. Dès 1880, le Palaquium gutta avait disparu de la planète.

On oublie encore trop souvent l’impact écologique des techniques, surtout lorsque cela se passe ailleurs, loin de chez nous. Papier, coton, caoutchouc-latex pour les pneus de vélo puis d’auto… De nos jours, les smartphones sont littéralement des outils de destruction massive. Je vous conseille à ce propos la conférence “Pour une écologie décoloniale du numérique” de David Maenda Kithoko. Pour un objet qui aura une durée de vie de quelques années, on tue des êtres humains et on détruit des bouts immenses de planète.

À droite de la slide, les “demoiselles du téléphone”. Le télégraphe, comme le téléphone, ont fourni des métiers “acceptables” (socialement) pour les femmes, cela leur a procuré une certaine autonomie financière - ainsi qu’un certain pouvoir !

Les guerres mondiales (fondamentalement liées au progrès technique - de cette technique non conviviale, guerrière, qui a toujours été considérée comme la plus importante à développer) ont également permis aux femmes - occidentales - de s’émanciper, en occupant les métiers auparavant réservés aux hommes. Il était ensuite plus difficile de les convaincre qu’elles n’étaient pas aptes à le faire.

Pour conclure sur cette slide, si on y réfléchit bien, les femmes ont été les tout premiers routeurs avant que ce soit des machines !

Les femmes ont été également les premières calculatrices, computers, avant que ce ne soit des machines.

Il est intéressant de remarquer que les personnes que l’on renvoie le plus à leur Nature (les femmes, les personnes non blanches ; les personnes de classes sociales inférieures) sont aussi celles qui sont le plus en contact avec les machines, celles que l’on assimile le plus facilement à des machines, celles qui faisaient auparavant le travail des machines.

On parlait tout à l’heure du travail de relecture, de correction, d’assistance : cela a longtemps été une activité très féminine.

Les femmes se trouvent dans l’ombre, les interstices, les notes de bas de page de l’Histoire. Intéressez-vous par exemple à la première femme d’Einstein, lisez la biographie d’Eileen Blair, la femme d’Orwell - vous ne lirez plus jamais Orwell de la même manière.

Vous avez peut-être vu le film “Les figures de l’ombre” (Hidden Figures, 2016), et sinon je vous le conseille, on y parle des calculatrices afro-américaines dont faisait partie Katherine Johnson, à droite de la slide (photo de 1966). C’était une mathématicienne surdouée qui a réussi à devenir ingénieure et se faire une place à la NASA malgré le fait qu’elle soit à la fois femme, et noire. Un jour on lui a dit que les calculatrices humaines seraient bientôt remplacées par un ordinateur alors elle a appris le fortran et l’a enseigné aux femmes sous sa supervision. Et comme elle avait réussi à faire fonctionner l’ordinateur contrairement aux techniciens d’IBM, on lui a accordé le droit de le programmer.

Remontons légèrement dans le temps, vers les années 45-50 : voici à quoi ressemblaient les ordinateurs à l’époque.

À gauche, le Mark I à Harvard, à droite l’ENIAC en Pennsylvanie, avec les ENIAC girls.

La programmation, à l’époque, c’était physique, on était au sein même de la machine, il fallait à moitié rétroingénierer la machine et en écrire la doc ! Et c’étaient principalement des femmes qui s’occupaient de cette tâche : à l’époque, le prestige, c’était de concevoir la machine : les inventeurs étaient des hommes (Jacquard, Babbage…) alors qu’utiliser les machines -pensons aux secrétaires et leurs machines à écrire - c’était plutôt un métier de femme.

Et comme on l’a vu avec Katherine Johnson, les femmes étaient également les mieux placées pour expliquer ce qu’elles faisaient aux machines qui allaient les remplacer ! Programmatrice était donc un métier très féminin.

Parmi les programmatrices du MarkI, il y avait Grace Hopper, que l’on présente souvent comme l’inventrice du COBOL ce qui est pour le moins inexact et réducteur parce qu’elle a fait bien mieux : elle a inventé l’idée même de compilateur et de langage de compilation. Suite à ça, tout le monde y est allé de son langage de compilation, c’est devenu une véritable Tour de Babel - alors, soutenue par le Département de la Défense américain, Hopper a poussé à la création d’un langage standard : ce sera le COBOL, né au bout de quelques mois à peine, en 1959, suite au travail d’arrache-pied du Pretty Damn Quick Committee (qui portait bien son nom !). Le Départment de la Défense l’a aussitôt massivement adopté et l’a également imposé à ses fournisseurs : c’est rapidement devenu le langage de programmation le plus utilisé au monde - dans les années 2000, 80% du code de la planète était écrit en COBOL.

À droite, je vous ai mis un article assez célèbre de Cosmopolitan (en 1967) où Hopper compare l’écriture d’un programme à la planification d’un dîner en ville.

Tout ça pour dire que l’informatique, à ses débuts, était plutôt très féminine. Que s’est-il donc passé pour que de nos jours, ce soit devenu un domaine essentiellement masculin ?

Alors déjà, si les premières calculatrices étaient des femmes, c’est parce que c’était considéré comme un sous-métier, mal payé, les femmes y étaient donc les bienvenues. Réciproquement, les métiers où il y a beaucoup de femmes sont souvent dépréciés - c’est un peu un problème de poule et d’œuf.

À partir du moment où les mecs se sont aperçus du pouvoir lié à ce métier, ils ont réinvesti le terrain - typiquement, en 1968, lors d’une conférence internationale en Bavière, où seuls des hommes étaient invités, ils décidèrent d’un commun accord qu’on dirait désormais «software engineer» - engineer, ingénieur, diplôme et métier très peu accessibles aux femmes à l’époque.

Parallèlement, vers le milieu des années 60, deux psychologues (mâles) William Cannon et Dallis Perry ont étudié le profil de 1378 programmeurs - dont uniquement 186 programmeuses et en ont tiré la conclusion que les programmeurs étaient des gens qui n’aimaient pas les gens, qui n’aimaient pas les interactions personnelles, qui préfèraient les choses aux personnes. Ils ont alors créé un test de personnalité, qui a été utilisé jusque dans les années 80, pour détecter de tels profils. Ça a été le début du stéréotype du nerd. Inutile de préciser que les femmes, de part leur formatage social, correspondaient assez peu à ce type de profil.

On a aussi publié des études parfaitement"scientifiques" démontrant sans absolument aucun biais que le cerveau des femmes était bien moins adapté que celui des hommes aux maths ou à l’informatique. Pour plus de détails sur cette question je vous renvoie aux excellents travaux d’Anne Fausto-Sterling que je vous ai mis dans la bibliographie.

Deux très bonnes lectures qui m’ont aidée pour faire cette partie, elles sont assez complémentaires, ça reste très américanocentré et ça remet peu en cause le système (capitaliste) mais ce sont tout de même deux très bonnes contre-histoires.

Le livre de Claire Evans est très riche d’un point de vue historique, il y a des chapitres entiers sur Ada Lovelace et Grace Hopper, on y apprend aussi beaucoup de choses sur les premiers réseaux communautaires ou encore le développement de l’hypertexte (il y a de très bonnes anecdotes concernant le début du web !).

L’ouvrage d’Emily Chang se concentre plus sur les pénibles responsables du système actuel - j’y ai appris beaucoup de choses sur Peter Thiel et la mafia Paypal. Elle analyse également les tentatives d’entreprises comme Google pour embaucher plus de femmes, et les raisons de leur échec. C’est vraiment à lire pour prendre conscience de la toxicité du modèle de la Silicon Valley et en comprendre les origines.

Heureusement, le Libre est arrivé !

On retrouve, légèrement modifiée, la slide du début, comme promis : il s’agit d’un extrait de la pub d’Apple diffusée au SuperBowl (finale du championnat de football américain) en janvier 1984, sur le thème 1984 (on retrouve Orwell - vraiment, intéressez-vous à sa femme !).

1984, c’est également le tout début du projet GNU, le tout début de la notion de logiciel libre.

La légende veut que l’histoire du Libre ait commencé avec une imprimante - et l’histoire a démontré que les ordinateurs étaient en fait bien plus faciles à libérer.

La pub Apple présente un univers quasi exclusivement masculin ; une seule femme, en petite tenue (sportive). Elle est munie d’un marteau, qu’elle balance en fin de course, avec un cri triomphal, sur le Big Brother à l’écran. Au discours de Big Brother interrompu vient alors se substituer celui d’Apple et de son nouvel ordinateur disant que 1984 ne ressemblera pas au 1984 d’Orwell.

Avec Steve Jobs, la figure du génie prophète et charismatique est venue remplacer celle du nerd. On peut voir les techbros comme un nouveau type de Prométhée, libertarien, toujours aussi sexiste (lisez Brotopia).

Parallèlement, Stallman et les libristes ont eux aussi développé des imaginaires autour de leur personne - prophètes auréolés, capitaines de navire barbus… Imaginaires globalement toujours aussi vides de figures féminines.

Concernant Big Brother : certains ont pu parler de Big Mother et de technococon à propos des GAFAM. Assez curieusement, on n’évoque jamais Big Father, sans doute parce que dans Father le Big est déjà implicite. Mais le souci n’est pas dans brother, mother ou même father. Le souci est dans le Big. Quant au TechnoCocon, il est loin d’être doux pour tout le monde.

Enfin, fait notable, 1984, c’est précisément l’année à partir de laquelle le nombre de diplômées femmes en sciences de l’informatique (les STEM) a commencé à baisser aux USA.

Quelques mots sur le Libre.

L’idée est de pouvoir utiliser, modifier, reproduire, diffuser des reproductions avec modification. Et ce n’est pas restreint aux logiciels informatiques. On peut publier une œuvre - un jeu, une BD, un livre - sous licence libre.

Le libre, c’est la philosophie du partage, la lutte contre les DRM et les logiciels propriétaires, la mise en avant de communs, le développement de logiques autres que purement capitalistes.

Le libre, c’est redonner le pouvoir aux utilisateurices.

Il faut comprendre que les licences libres, c’est nécessaire mais ce n’est pas suffisant. C’est ce que j’ai rapidement appris avec une association dont je préfère taire ici le nom, qu’il fallait aussi faire attention aux personnes - il a fallu que je me batte contre un CA de libristes aguerrie·es pour leur faire comprendre que non, le fait qu’une photo ait été publiée sous licence libre ne leur permettait pas de faire n’importe quoi avec. Ni juridiquement, ni, surtout, humainement.1

L’attention aux personnes fait partie de la « philosophie du Libre ».

On peut voir les licences libres comme un espèce de gros bateau plutôt solide, qui a déjà résisté à pas mal de vents et marées, mais sans direction, avec ce bateau, on fait juste de l’open source. Le libre, c’est donner une direction au bateau. C’est un sujet éminemment politique.

Une telle philosophie ne peut qu’être favorable à la diversité des profils en général, et aux femmes en particulier - mais ô surprise, il y a encore moins de femmes dans le Libre que dans l’informatique toutes tendances comprises ! Et ça ne date pas d’hier.

Je vous invite à lire cet article de 2008 paru dans le framablog, c’est amusant de constater les ressemblances et les différences avec aujourd’hui - et il faut lire tout particulièrement les commentaires des meufs.

Déjà, en ce qui concerne l’informatique en général, on l’aura compris, il ne faut pas se voiler la face : ce n’est pas un hasard, et ce n’est évidemment pas une question d’affinités “naturelles”, s’il y a moins de filles que de garçons à présent dans ce milieu.

Outre les points déjà cités, il y a eu une immence propagande au niveau des plus jeunes dans les années 80 (les poupées aux filles, les ordis aux garçons).

Mais ça n’explique pas tout. En particulier, cela n’explique pas pourquoi des femmes qui ont dépassé les biais de genre et suivi malgré tout les formations pour travailler dans l’informatique, n’y restent en général pas longtemps, en tout cas bien moins longtemps que leurs collègues hommes et beaucoup moins longtemps que dans d’autres métiers.

On pourra citer les remarques malveillantes et dévalorisantes, les violences sexistes et sexuelles, les moindres salaires.

Mais pourquoi plus dans les métiers de l’informatique qu’ailleurs ?

Et pourquoi plus encore dans le milieu des logiciels libres ?

  1. Peut-être est-ce dû en partie au fait qu’en informatique, beaucoup d’interactions se font en ligne, et qu’en ligne, la violence est plus grande, les gens se lâchent plus, il n’y a qu’à voir ce qu’il s’est passé (et se passe encore) dans le domaine des jeux en ligne, avec le harcèlement que certaines gameuses ont pu subir (cf le Gamergate en 2014).

C’est donc également une question - et un problème - de modération, lorsqu’elle est effectuée exclusivement ou quasi-exclusivement par des mecs pas forcément très informés ou sensibilisés.

J’en profite pour faire un appel à la vigilance. Ne laissons rien passer. Signalons tout comportement toxique. Une petite remarque, ça n’a parfois l’air de rien, mais la personne, elle s’en est peut-être déjà pris 10 dans la journée, c’est un peu la mort par mille blessures, on doit gérer ça en plus du reste, et vous n’êtes pas sans savoir que le reste est déjà bien assez difficile comme ça. Les remarques sexistes, ce n’est pas de l’humour, c’est de la violence à bas bruit.

  1. Ensuite, dans le Libre, les personnes sont souvent seules ou pas très nombreuses sur un projet, les systèmes de validation par les pairs sont très importants, et cela pose un gros problème lorsque ces pairs sont biaisés.

Je vous ai mis ici une étude de 2016 mettant en évidence les biais de genre concernant la validation de pull request sur GitHub (en gros, des propositions d’améliorations de code) : celles effectuées par des femmes sont plus nombreuses, de meilleure qualité, mais rejetées plus souvent lorsque leur genre est identifiable.

Cela peut être une raison pour laquelle les femmes ne se déclarent pas toujours en tant que femmes, pour éviter ce genre de biais.

  1. En partie à cause de ces biais, on retrouve la question de l’effacement, de l’invisibilisation des femmes. Ce n’est même pas toujours conscient, les personnes se pensent souvent parfaitement neutres sur le sujet !

On a juste l’impression que ce que font les femmes est moins important. Et on soupçonne évidemment de non neutralité toute personne cherchant à mettre une femme en avant (une telle attitude ne peut qu’être féministe, biaisée, non neutre).

Je vous invite à écouter le podcast du meilleur des mondes sur Alice Recoque, c’est édifiant.

Pour contrer ça il faut parler des femmes, écrire des livres ou des articles sur elles afin qu’elles bénéficient de sources secondaires. Un grand merci aux SansPagEs qui luttent contre les biais de genre (mais pas que) dans Wikipédia.

Il se passe un peu la même chose au niveau des comités de sélection de conférences, d’articles ou de projets - par défaut, on va sélectionner des personnes que l’on connaît, qui correspondent à notre façon de penser - et c’est pour cela qu’il est extrêmement important d’avoir des comités diversifiés.

Pour terminer sur ce point, il est important de comprendre qu’il y a actuellement une énorme discrimination positive en faveur des hommes dans le milieu de l’informatique en général et dans le Libre en particulier.

  1. Pour tenter de comprendre la faible présence de femmes techniques dans le monde du Libre, il y a enfin la question du bénévolat.

Oui, je vous ai mis la pub qu’on peut admirer actuellement dans nos villes, elle est tellement formidable.

Le bénévolat, c’est chouette, c’est anticapitaliste quelque part, ça peut donner du sens à sa vie, ça permet de faire des rencontres avec d’autres personnes, découvrir d’autres milieux, on peut acquérir de nouvelles compétences, techniques ou sociales…

C’est beaucoup moins bien lorsque le système s’en sert pour nous exploiter.

Et les premières personnes que l’on exploite, en ce qui concerne le travail gratuit, le travail de care, ce sont les femmes.

Peut-être que les femmes en font déjà assez pour ne pas en plus bénévoler dans une asso ? Pourtant, on constate une majorité de femmes bénévoles dans d’autres types de milieux, par exemple les milieux écolos, cela ne peut donc pas être la véritable raison.

Mais côté informatique et monde du logiciel libre (je ne parle pas ici des personnes comme moi qui vont bénévoler côté com, ce qui ne demande pas beaucoup de compétences dites “techniques”), les meufs qui deviennent développeuses ou adminsys ont déjà dû se battre pas mal pour y arriver, ont pris beaucoup de coups, doivent en faire beaucoup plus à leur taf pour être reconnues au même niveau que les mecs alors peut-être qu’elles ont moins de temps ou d’énergie pour continuer sur leur temps libre.

Peut-être qu’elles n’ont juste pas envie de bénévoler dans un milieu où elles vont se prendre les mêmes remarques à la con qu’au boulot.

Alors voilà, 40 ans plus tard, on en est encore là - je vous ai mis, à gauche, un extrait de la pub 1984 et à droite, une photo où normalement il y a Zuckerberg, qui joue le rôle de Big Brother en bon représentant de la Brotopia.

Et dans la salle, à nouveau, uniquement des mecs, comme si les femmes n’existaient pas, étaient reléguées dans un autre univers (sans doute il y en a-t-il dans leur univers virtuel, en petite tenue très probablement).

Ce sont ces mecs blancs cis (oui je sais, ça ne plaît pas à Elon Musk, “cis”, il prend ça pour une insulte, raison de plus pour l’employer) qui très majoritairement - et encore plus dans le monde du Libre - écrivent les logiciels, codent les applications et les algorithmes.

L’idée n’est pas de dire ici que si c’était des femmes à la place des hommes, ce serait mieux - il ne s’agit pas de reproduire le système en inversant les rôles.

L’idée est de dire que s’il y avait une réelle diversité, ce serait mieux. Même d’un point de vue de capitaliste ce serait mieux. Si vous voulez des données chiffrées, je vous renvoie à Brotopia.

Parce que, sans un minimum de diversité, on court à la catastrophe.

Nouvelle pub d’Apple, 2024

Si on repense à ce que l’on disait au début de cette conf, il serait peut-être temps de réfléchir aux types de techniques et de pensée que l’on souhaite mettre en avant : la presse, qui écrase, ou le fil, qui relie.


  1. Ça faisait assez peu de temps que j’étais arrivée dans le monde du Libre, on m’a demandé si je voulais être sur les photos aux apéros, j’ai dit oui et quelque temps plus tard, assez par hasard, j’ai vu passer l’une de ces photos – où j’étais parfaitement reconnaissable avec quelques autres personnes – retouchée avec des sabres laser, dans le but d’être utilisée pour la campagne de don de la fameuse asso. Sans qu’on m’ait à aucun moment demandé mon accord. J’avais fait à l’époque le récit de cet épisode dans ce texte↩︎



Publié le 25/05/2024
Dernière édition le 03/06/2024